
Comment cette discipline peut-elle nous aider dans le choix et la recherche de notre terrain ?
La toponymie est une discipline linguistique qui étudie les toponymes, c’est-à-dire les noms propres désignant un lieu. Elle se propose de rechercher leur ancienneté, leur signification, leur étymologie, leur évolution, leurs rapports avec les langues actuelles ou disparues.
A notre époque où les cartes de localisation géographique intègrent des repères permettant la détermination précise par satellite, ces termes modelés par le temps et les hommes perdurent et nous apportent une information toujours aussi précieuse pour comprendre nos paysages et la façon dont ils existent et ont existé.
La toponymie se subdivise en de nombreuses catégories, chacune apportant leur lot d’informations.
Voici une petite liste non exhaustive de celles qui pourraient nous intéresser dans le cadre de la recherche de terrain :
- Oronymie : relatif au relief
- Hydronymie : relatif aux cours d’eau et par extension à l’eau
- Phythotoponymie : végétation du lieu (plantes bio-indicatrices)
- Choronymie : relatif aux noms de lieu et issu d’une caractéristique géographique physique ou d’une particularité environnementale (exposition au soleil, aux vents, géologie, etc.)
Les noms de lieu-dit ou de parcelle peuvent donner des informations sur la nature des milieux ou des activités qui s’y faisaient par le passé. Il serait inutile d’établir ici une liste détaillée de tous les toponymes de France, en revanche faisons un zoom sur les applications possibles lors de vos recherches. Les influences linguistiques vont influer sur les noms des lieux en fonction des régions. Les principales racines linguistiques en France sont le roman, le slave et le germanique.
Sur la base de la liste des catégories précédemment énoncées, voici quelques exemples dont on peut tirer une information intéressante.
- L’oronymie : en référence à la montagne, elle apporte de l’information par delà l’indication précise du relief. Il existe un ensemble de termes relatifs aux détails du paysage.
Par exemple:
– brok (Broc, Brocas, La Broque) signifie éperon rocheux en langue gauloise
– Montrachet, racine latine “monte” (la montagne) et “rachet” (chauve), renvoie à l’absence de végétation au sommet d’une colline.
- Hydronymie : relatif aux cours d’eau et par extension à l’eau. En prenant une carte et en regardant les noms des lieux-dits on retrouve une présence ancienne de zones humides, aujourd’hui propriété du souvenir des anciens. Néanmoins ces traces sont encore parfois visibles et ces noms pourront vous orienter vers une ressource en eau :
– Sagne : du celtique “sagna” ou du gaulois “sagna” qui signifie « terre marécageuse »: marais, tourbière, qui a laissé de nombreux lieux-dits dans le Jura, le Massif Central et les Alpes. Décliné parfois sous d’autres formes : Sagnes, Sagnet, Sagnolle, Sagnoux, Sagnier, Sannier, Dessagnes, Dessaignes, Lassagne.
– Gouille du germanique “gullja” qui signifie flaque d’eau, dépression pleine d’eau. Le mot gouille, très répandu dans les massifs montagneux de l’Est de la France, appartient au dialecte local. Décliné en Gollie ou Goille.
– Mouille : du latin “mollis” qui signifie mou, comme le verbe mouiller. Un endroit où l’eau affleure. L’utilisation de ce toponyme est très fréquente en Rhône-Alpes et en Franche Comté.
– Pallud : du latin “palus”, “paludis”, marais, marécage. On le retrouve dans de nombreux lieu-dit romands et rhodaniens jusqu’en camargue.
– Nave, Navizelle, Navès, le navet : Il s’agit du nom gaulois « nava » « bateau, auge, vallée » qui a été par la suite latinisé. Retenons pour Navès l’idée de vallée plus que celle de bateau. On trouve d’autres Navés, le navet, navizelle en France (Allier, Ardèche, Corrèze, Isère et Savoie).
– Aigue : Du latin “aqua” on la retrouve en Occitan sous le mot aïga.
- Phythotoponymie : végétation du lieu (plantes bio indicatrices) :
Retrouvons sur ce thème des informations en lien direct avec la végétations en place, ce qui évidemment permet de déduire beaucoup d’informations du fait de l’écosystème en lien avec la plante dont il est fait référence. Voici quelques exemples:
– Le verney : C’est un patronyme localise en Normandie, dérive de verne qui désigne un bois d’aulnes et par conséquent la ripisylve ou les milieux humides voire très humides
– L’épinasse : « Espi » en latin, l’aubépine. Plante de haie ou de coteau se plaisant sur les sols alcalins (renseigne sur le PH)
– Léchère : du préroman « liska » qui signifie la laîche, plante des marais. Les herbes de marais étaient importantes autrefois pour le paysan qui les fauchait et les séchait pour en faire de la litière.
– La Fauge: ce qui signifie en français « La Fougeraie » ou en occitan gascon, le nom Le Haugar.
- Choronymie : relatif aux noms de lieu et issu d’une caractéristique géographique physique ou une particularité environnementale (exposition au soleil, aux vents, géologie,religion etc…) voici également quelques exemples.
– Les adrets: l’ensemble des versants d’une vallée de montagne qui bénéficient de la plus longue exposition au soleil.
– Ubac: Le versant opposé, moins ensoleillé et plus froid.
– Larrey : pente d’une colline, lorsqu’elle est exposée au levant. Variantes : larret, larré, larris
– Cers : vent du Nord-Ouest – Languedoc.(le cerset, le cirque de… parfois attribué à l’oronymie du lieu..)
– Bise : le bizet, bise noire (le vent du nord)
Les ressources:
L’information toponymique nous entoure mais on peut aller un peu plus loin.
La littérature sur le sujet est vaste (L’origine des noms de lieux en France : Essai de toponymie) . Le cadastre napoléonien disponible dans les archives municipales ou départementales et une bonne base de recherche.
Sans avoir la prétention d’être des spécialistes, l’équipe MATA vous propose plusieurs outils de recherches la toponymie en étant une. A vous d’aller plus loin !!